Raoul de VEXIAU

49è année-N°50-dimanche 15 décembre 1929. (rédaction : 11, rue Docteur Audé Fontenay-le-Comte)
« La Vendée »
OBSEQUES
de M. Raoul de VEXIAU
Ancien Président du Conseil Général
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Charles-Raoul de Vexiau, chevalier de la Légion d’honneur, ancien zouave pontifical, décoré de la médaille « Benne Mérenti », ancien Maire de Réaumur, est décédé le 5 décembre, au château de la Haute Cour, dans sa 89e année.
Des voix autorisées, en des termes que nous sommes heureux de reproduire, ont rendu à sa mémoire un hommage mérité, auquel fait écho celle du pays tout entier. Qu’il nous soit permis, à nous que sa vielle amitié réconfortait, de regretter l’homme de solide bon sens qui savait, aux heures de lutte, dominer de sa haute autorité les divergences de vue, imposer à chacun les fruits de sa longue expérience, et concilier toutes les bonnes volontés dans le sens de l’intérêt commun.
Dernier survivant du Comité légitimiste vendéen, avec son ami René Valette, il avait la fierté de ses convictions monarchistes. Elles étaient inébranlables, bien qu’il n’en fît état qu’avec une discrétion où se devinait un ardent désir de concorde.
On l’aimait pour la simplicité nuancée de noblesse avec laquelle, depuis soixante ans, il se consacrait tout entier au bien public. Attaché par de profondes racines au sol natal, on peut dire qu’il incarnait magnifiquement ce qu’il y a de plus touchant dans la tradition vendéenne, cette alliance cordiale qui associe les hommes du sol aux joies comme aux tristesses de leurs « Messieurs ».
Nous prions Dieu pour le repos de l’âme de notre vieil ami et demandons à son fils adoptif, le Vicomte de Tinguy de Vexiau, ainsi qu’à toute sa famille, de vouloir bien agréer l’expression de nos respectueuses et cordiales condoléances.
Emile MARSAC
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Les Obsèques
Elles ont eu lieu mardi matin, dans l’église de Réaumur, au milieu d’une affluence considérable venue de tous les points du département. A peu près toutes les vieilles familles de Vendée étaient représentées, et nous avons remarqué, en même temps qu’un très grand nombre de personnalités politiques, M. le Préfet et M. Guyet, agent-voyer en chef du département.
Le deuil était conduit par le Vicomte de Tinguy de Vexiau, fils adoptif du défunt et de M. Darde, son neveu.
Le cierge d’honneur était porté par le Comte de Chabeau, et les cordons du poêle par MM. Raymond de Fontaines, sénateur ; de Hillerin, conseiller d’arrondissement du canton de Pouzauges; de Tinguy du Pouët, député, et Genty, adjoint au maire de Réaumur.
M. le Doyen de Pouzauges officiait, entouré d’un très nombreux clergé et derrière le
cercueil porté à bras par les fermiers et amis de M. de Vexiau, suivaient les membres du Conseil Municipal, de la Société de Secours Mutuel, une délégation de la musique de Pouzauges, dont il était membre honoraire, et les enfants de l’école. Avant l’absoute, M. l’abbé Prunier, curé de Réaumur, monta en chaire et prononça les paroles suivantes:
Allocution de M. l’abbé Prunier, curé de Réaumur
Vous ne serez pas surpris, mes frères, si ma parole se fait entendre dans votre assemblée à la fin de cette cérémonie funèbre.
Il convient et il est juste qu’au moment ou sa dépouille mortelle va être déposée au
tombeau de ses ancêtres, un hommage public de reconnaissance soit rendu à la mémoire de M. Raoul-Charles de Vexiau, ancien zouave pontifical, chevalier de la Légion d’Honneur, Maire de Réaumur, Conseiller Général du canton de Pouzauges.
J’ai le pénible devoir d’interpréter cet acte de reconnaissance que notre paroisse de Réaumur doit à son insigne bienfaiteur et de solliciter pour le repos de son âme les suffrages de votre piété chrétienne.
Raoul de Vexiau est bien nôtres et par sa naissance et par sa vie.
Il nait en septembre 1841. Il fait ses études à l’institution des Coëts, en Loire Inférieure. Il passe avec succès ses examens d’humanités. Il a vingt ans, l’âge où l’on peut écrire de belles pages dans sa vie. Celle qu’il écrira justement alors, il aimera la redire aux amis et il s’en glorifiera à juste titre.
L’indépendance de la Papauté, la liberté du Souverain Pontife sont menacée. Une élite de jeunes croisés se lève et ceint l’épée. Homme de cœur et de courage, M. R. De Vexiau revêt l’uniforme des zouaves de Charrette et va combattre pour la plus juste des causes : les droits de l’église.
L’expédition, hélas, dure peu et se termine en désastre. Pour l’étendard de la petite troupe des Chevaliers de l’Idéal, tout est perdu ? Non! Tout est sauvé, puisque c’est pour l’honneur. A regrets, sans avoir pu coup férir, M. de Vexiau rentre vers les siens. Il aura été zouave pontifical, il sera décoré de la médaille « Bene Mérenti »; d’être parti volontaire du Pape, cela suffit à sa jeunesse éprise de généreux et magnifique enthousiasme. Il a à peine 25 ans que, pressé du désir de se dévouer qui fera le fond de son existence, il brigue les suffrages de conseiller d’arrondissement. Il est élu. Depuis lors, il ne cessera de l’être. La confiance qu’il demandera à ses concitoyens pour les honneurs ou les charges civiles, elle lui sera octroyée avec une unanimité constante.
Il sera doyen et président du Conseil Général, conseiller général du canton de Pouzauges, toujours réélu pendant 42 ans. Conseiller et maire de sa commune toujours réélu et choisi pendant 58 ans. C’est en vérité une vie bien remplie que la sienne. Et pendant cette longue existence qui s’achève à 88 ans passés, il exerça au milieu de vous une action toute de bienfaits.
Un mot caractérise sa physionomie : Il fut bon et charitable.
Un mot résume sa vie : Il a rendu service.
Sa bonté comme ses actes s’inspirait de sa foi religieuse profonde et de son amour sincère du bien.
Sa récompense était d’avoir été utile et d’avoir apporté à l’infortune quelque soulagement ou consolation.
Bien rares dans sa vie ont été les jours qui n’aient pas été marqués par quelques bienfaits.
La chronique raconte que son grand-père entreprend, en diligence, un long voyage en quête d’une institutrice pour une école chrétienne qu’il projette de fonder dans sa commune. C’était à l’été de 1838. Il revenait chez lui désappointé d’avoir vainement cherché quand, à Torfou, il entend tinter la cloche du monastère de Sainte Marie. Il s’arrête, entre, expose le but de son voyage. La requête est exaucée. L’école de Réaumur sera fondée. Elle sera une des premières de la congrégation et elle le sera par la famille de Vexiau.
Depuis lors, l’honneur de cette fondation quasi providentielle, notre défunt voudra le conserver comme un précieux devoir, comme une charge de famille. Il se considèrera comme le continuateur jaloux de cette tradition ancestrale, le bienfaiteur résolu et persévérant de cette œuvre éminemment chrétienne. Depuis lors, l’école ne cessera d’être avec la fidélité des familles et l’unanimité absolue des élèves le plus beau fleuron de notre couronne paroissiale.
A ce titre seul, ne méritait-il pas que l’église lui adresse par ma voix : ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le ferez, et s’il est vrai que ceux qui enseignent la sagesse brilleront dans l’éternité, à plus forte raison est-il permis au moins d’espérer qu’un peu de cet éclat éternel sera la récompense de celui qui en aura fourni les moyens…
Il aimait Réaumur comme la patrie de ses ancêtres et entre tous les titres dont la sympathie et la confiance de ses concitoyens l’avaient honoré, il préférait celui de maire de Réaumur.
Il se disait ces temps derniers disposé à résilier toutes ses fonctions, hormis celle de maire de sa commune.
Il a consacré à son rôle, d’autres avec moi pourraient le dire, une application continuelle, un dévouement inlassable. Tous étaient habitués à le rencontrer partout où il avait service à rendre.
Doué d’une santé dont la vigueur lui laissait espérer voir son siècle, il rappelait volontiers les 103 ans de sa parente et sa marraine (Mme de la Forestrie), comme un exemple qu’il n’eût pas demandé mieux qu’à suivre.
Doué d’un caractère aimable et enjoué, d’un profond bon sens, d’un jugement sûr et droit, d’une mémoire toujours jeune, il allait à tous simplement, la main tendue.
La Haute Cour avec ses grilles et ses portes toujours ouvertes étaient le symbole de sa grande hospitalité facile, accueillante et généreuse.
Pour le moindre détail, il parcourait par tous les temps les sentiers de vos villages, prodiguant sur toutes les questions vous intéressant les conseils de son expérience avertie, avec bien souvent les libéralités de son cœur et de sa bourse pour ceux qu’atteignaient la gêne ou le malheur. Votre assurance pressée dans notre vieille église trop étroite autour de son cercueil, composée de toutes les familles venues de la paroisse, du canton et d’ailleurs ne traduit-elle pas votre sympathie respectueuse et reconnaissante pour l’homme de popularité bienfaisante que fut M. R. de Vexiau.
C’est que, comme maire de la commune, comme conseiller général, comme président cantonal des chefs de famille, il s’est toujours appliqué à éloigner ce qui divise, à rechercher tout se qui pouvait maintenir l’union, la concorde, la paix.
A ce titre encore, il mérite l’éloge que je lui adresse et la gratitude qu’il s’est acquise dans le cœur de ceux qui l’ont connu. Il vivra dans notre souvenir parce que nous vivrons de ses bontés.
Nous nous retrouverons dans cette église où tant de choses nous rapprochent de la religion qu’il a servie, dans nos écoles chrétiennes qui continueront leur mission auprès de l’âme de vos enfants.
Ses bienfaits dans l’ordre civil et profane seront nombreux pour laisser sa mémoire respectée et vénérée.
Que notre reconnaissance continue à se manifester dans la prière.
La Haute Cour qui porte son deuil et qui symbolise son action de bonté et de dévouement, continuera de vivre pour le bien de la paroisse. L’œuvre d’union qu’il a faite ne peut mourir.
Il a voulu laisser des espoirs qui se réaliseront, des traditions qui ne péricliteront pas.
Nous offrons nos hommages de vives condoléances à ses nombreux parents, à tous et à chacun des membres de sa famille qu’il aimait tant, qu’il revoyait souvent groupés autour de lui et nous garderons tous de sa bonne physionomie qui disparaît, toute faite de bonté secourable, le plus fidèle souvenir.
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Après l’absoute, le long cortège se dirigea vers le cimetière où, après l’inhumation, les discours suivants ont été prononcés.
Discours de M. de FONTAINES
Sénateur
Mesdames, messieurs,
J’ai conscience de remplir un devoir, en adressant un suprême hommage à mon vieil ami, M. Raoul de Vexiau, qui depuis plus de 30 ans, m’a donné tant de preuves de son affectueuse sympathie.
L’action de M. de Vexiau en Vendée et plus spécialement dans le canton de Pouzauges,
les innombrables services qu’il a rendus sont présents à toutes les mémoires.
Très populaire et très influent, il devait cette situation privilégiée à ses qualités personnelles et je ne crains pas de l’affirmer, à la mise en pratique de cette belle devise de nos pères, que je voudrais voir graver sur toutes nos demeures : « Habiter c’est servir. ».
M. de Vexiau a habité et il a servi. Il a servi par son inlassable dévouement à ses
concitoyens, par sa bonté, par les exemples qu’il a donnés, pendant sa longue existence passée tout entière dans son habitation de Réaumur.
En d’autres temps que les nôtres, en 1869, à l’appel du grand Pape Pie IX, toute la noblesse de l’Ouest avait répondu et s’était rangée à Rome, sous les ordres du colonel de Charrette, commandant l’héroïque phalange des zouaves Pontificaux . Malgré sa jeunesse, Raoul de Vexiau fut un de ceux là et sa brillante conduite en Italie lui valut la médaille « Bene Mérenti ».
Royaliste de vieille roche, catholique très pratiquant, il est mort à l’ombre de l’antique église qui l’avait accueilli à sa naissance et où il vient de recevoir la suprême bénédiction.
Et maintenant il va dormir son dernier sommeil dans ce cimetière de Réaumur, auprès de ceux qu’il a eu la douleur de voir le précéder dans la tombe.
Mon cher et vieil ami, nous garderons fidèlement votre souvenir. Votre œuvre sera continuée, vos exemples ne seront pas perdus.
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Discours de M. LEFEUVRE
Président du Conseil Général
Ce n’est pas sans une pénible impression que nous avons aperçu, lors de notre dernière session du Conseil Général, que la santé de M. de Vexiau avait été sérieusement atteinte.
Arrivé à un âge fort avancé, M. de Vexiau avait conservé une gaité, un entrain, une activité telle, que volontiers nous nous étions persuadés que le cours des temps n’avait point d’action sur lui et qu’il pouvait défier le nombre des années.
Mais hélas! Tout a une fin ici-bas et c’est avec une profonde tristesse que nous venons conduire à sa dernière demeure celui qui fut si longtemps notre cher et vénéré doyen.
Né en 1841, c’est en Vendée que M. de Vexiau a passé cette longue vie toute vouée à faire le bien et à servir des principes et des convictions, auxquels il resta attaché jusqu’à sa dernière heure et qu’il défendit toujours avec autant de fermeté que de courtoisie.
Nommé en 1892 membre du Conseil Général de la Vendée et appelé plusieurs fois à le présider, M. de Vexiau n’y a jamais connu que des amis.
Ses avis faisaient autorité parmi nous et souvent il eut été bien difficile de ne pas accéder à ses désirs.
Maintes fois les populations de Pouzauges n’eurent pas à le regretter.
Pour nous M. de Vexiau incarnait le vrai caractère du Vendéen : un accueil toujours franc et jovial; une aménité toujours pleine de bienveillance; une gaité si naturelle et de si bon aloi; une bonté remplie d’indulgence et une excessive serviabilité.
Aussi M. de Vexiau s’était-il acquis près de tous ses collègues les plus chaleureuses sympathies, je dirais même, les plus sincères amitiés.
Et c’est pourquoi devant cette tombe encore ouverte, j’ai le devoir, au nom du conseil général de la Vendée, d’adresser à notre cher et vénéré doyen un suprême et dernier adieu, de lui apporter l’expression de nos profonds regrets et l’assurance du souvenir ému que sa mémoire éveillera toujours dans nos cœurs.
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Discours
du Marquis de HILLERIN
C’est comme conseiller d’arrondissement, au nom des maires du canton de Pouzauges, que je viens avec une grande tristesse m’incliner devant cette tombe et apporter un pieux et dernier hommage d’affection et de reconnaissance à notre vénéré conseiller général, M. de Vexiau.
La nouvelle si brusque de sa mort, en se répandant dans nos communes, y a causé une profonde émotion.
Sa santé, depuis quelques mois s’était déjà sérieusement altérée à plusieurs reprises, mais il avait si vaillamment surmonté bien des atteintes qui en eussent terrassé tant d’autres, nous avions été habitués à le voir toujours, malgré son grand âge, rester si jeune d’esprit et encore alerte, que nous espérions pouvoir le conserver encore longtemps parmi nous, pour le plus grand bien de tous.
Dieu ne l’a pas permis.
M. de Vexiau, depuis 58 ans maire de Réaumur, représentait depuis plus de 60 années son cher canton de Pouzauges comme conseiller d’arrondissement d’abord, puis comme conseiller général… et avec quel zèle, quel dévouement.
Son activité magnifique le tenait constamment au courant des besoins, des désirs de toutes les communes dont il avait la charge, et il le faisait avec persévérance, sans jamais craindre sa peine, et avec l’autorité qu’il avait su s’imposer.
Mais les intérêts généraux du canton qu’il aimait tant et à la prospérité duquel il contribuait toujours si puissamment ne lui faisaient pas non plus perdre de vue les intérêts particuliers de chacun.
D’un abord facile, d’une cordialité absolue, d’une bienveillance constante, d’une complaisance inlassable, il cherchait sans cesse à se rendre utile à tous, à soulager toutes les infortunes.
Aussi, après tant de services rendus, les sentiments d’estime, de confiance, de gratitude qu’il inspirait s’étaient peu à peu transformés envers lui en vénération.
Quel splendide exemple de dévouement au bien public, d’esprit de charité ne laisse-t-il pas ?
C’est donc aujourd’hui un deuil général qui frappe notre canton.
Dans toute son existence, d’ailleurs, en vrai vendéen de race, il garda une ligne de conduite immuablement conforme à ses principes.
Catholique convaincu, soutien de toutes les œuvres religieuses, monarchiste fidèle, ancien courrier de Monseigneur de Chambord, à Frosdhorf, et l’un des derniers survivants des Zouaves Pontificaux, il n’abdiqua jamais aucune des traditions qui lui étaient chères, aucune de ses convictions politiques et religieuses.
Avec une courtoisie toujours parfaite, mais avec une grande fermeté aussi, il en inspirait le respect à tous et on peut dire hautement que si, dans sa vie politique, il rencontra parfois des adversaires, jamais il n’eut un ennemi.
C’est là, l’un des plus beaux éloges qu’on puisse adresser à sa mémoire.
Qu’il me soit permis aussi, en mon nom personnel, d’adresser à son fils adoptif, à sa sœur, ses neveux, à ses nièces, à tous les siens, l’expression de ma plus vive sympathie.
La si bienveillante affection que depuis mon enfance il m’avait toujours témoigné, m’unit de tout cœur à leur grande peine.
Ma pensée se porte vers ce temps déjà lointain de nos gaies réunions dans cette hospitalière demeure de Réaumur, auprès du fils unique tendrement aimé, qu’il avait eu l’immense douleur de voir disparaître. Il voulait bien sans cesse m’accueillir comme un enfant de la maison, accueil qu’il avait continué à me conserver toujours aussi affectueux.
Cher M. de Vexiau, vous laissez dans nos cœurs de respectueux et inaltérables souvenirs d’affection et de profonde gratitude et c’est avec un sincère chagrin, mais avec l’espérance chrétienne qui fut la vôtre, et qui nous anime, que je vous dis aujourd’hui: au revoir!
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Discours
de M. de TINGUY du POUËT
Député
Mesdames, messieurs,
C’est dans un sentiment de grande émotion et de vive affliction que je prends la parole auprès de cette tombe.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, je retrouve mêlé à eux M. de Vexiau. Il était l’un des meilleurs amis de mon père, un si parfait ami même qu’il fit partie de mon conseil de famille. Je le revois partout, plein d’entrain, de bonhomie souriante, d’exquise amabilité, d’une
charmante indulgence et d’une grande bonté pour tous et pour chacun.
Il était vraiment l’homme de bien, simple et généreux, oubliant le lendemain les services qu’il avait rendus la veille.
A travers notre canton tout entier, chacun le connaissait et l’aimait. La fidélité que les électeurs lui ont conservée pendant près de 55 ans en est la preuve éclatante. Catholique convaincu, il en a, dès son jeune âge, fourni le témoignage en s’engageant aux Zouaves Pontificaux. Il m’a été donné de rencontrer parfois quelques uns qui l’avaient connu là-bas. Tous se rappelaient du parfait gentilhomme énergique, gai, jamais abattu par l’adversité, que fut M. Raoul de Vexiau.
La foule qui se presse dans le cimetière est la vivante démonstration de l’affection dont il était entouré. Ses collègues du Conseil Général, sans distinction de parti, avaient été conquis par lui. Adversaires et amis politiques ont aimé sa présidence avertie et souriante. C’est une belle âme de Vendéen que Dieu a rappelé à Lui. Les deuils qui ont attristé sa vie n’avaient pu atteindre sa volonté forte. Il nous quitte à 88 ans, ayant gardé jusqu’à l’heure dernière toute sa lucidité d’intelligence et ses qualités natives de caractère.
Du même âge que l’illustre Vendéen Georges Clémenceau, il lui a de peu survécu. Avec des tendances politiques nettement différentes ces deux hommes personnifièrent les qualités essentielles de notre race.
Pour tout le bien qu’il a fait, pour son dévouement désintéressé, je suis sûr que Dieu a donné à M. de Vexiau la récompense des Elus.
Ne lui disons pas « Adieu ! », mais « Au Revoir! »
Château de la Haute Cour, à l’époque de M. Raoul de Vexiau
Tombe de M. Raoul de Vexiau, cimetière de Réaumur Vendée
Réaumur, le 2 avril 2010 G. Brianceau
Archives privées de Mme Marie-Alice Marot. (Réaumur 85700)
Photos : archives privées de :
M. Jacques Blay ( Mornay-sur-Vingeanne 21610)
La famille Bucher de Chauvigné.